LA DENUDATION EXTRAITS DIALOGUES
EXTRAIT 1(PROLOGUE) : « LA CRISE ENTRE VINCENT ET HELENE» HELENE Je suis ridicule ! VINCENT Tu n’as jamais été aussi bien ! (il la prend dans ses bras, leurs regards se croisent dans le miroir) C’est pour toi que j’ai écrit ce rôle … HELENE Une amoureuse innocente avec… la psyché d’une vierge ! VINCENT Tu sais bien que tu peux tout te permettre… Tu es sans bornes… HELENE Dans un mois j’ai 40 ans ! VINCENT C’est du théâtre ! HELENE Non, c’est la vie ! Je n’ai plus rien à voir avec ces mots que tu veux me faire avaler … et qui sortent d’un passé décomposé… Elle se jauge dans la glace en achevant de se démaquiller, les larmes lui montent aux yeux. VINCENT (se justifiant) L’amour a quelque chose d’éternellement adolescent… HELENE C’est ta manière de m’aimer qui est adolescente ! Encore…, si tu me regardais… VINCENT Il n’y en a pas d’autre à mon regard… HELENE Mais tu ne vois plus en moi qu’une bête de scène !… Un outil pour ta créativité… Elle rabat les bretelles de sa robe et dévoile ses seins. En offrande. Il baisse les yeux. VINCENT J’ai fait de toi une diva ! HELENE (elle le regarde, comme un monstre ) J’ai envie de vomir… VINCENT C’est normal à la veille d’une générale… Le stress… HELENE Je suis gelée dans une image qui ne m’appartient plus. Comme si tu avais cherché à m’effacer en perpétuant un fantasme que je ne peux même plus cautionner… Tu me demande l’impossible ! EXTRAIT 2 : « CLAIRE ET LE PORNO » VINCENT Ces milliers de regards qui vous scrutent sur leur écran, vous y pensez parfois? CLAIRE Ils n’ont accès qu’à mon anatomie, des parties de mon corps… VINCENT Pourquoi vous faites ça ? CLAIRE (en provocation) Ca m’excite ! Tous ces mecs qui se branlent sur mon image en cocufiant leurs copines… VINCENT Vous le faites pour l’argent ? CLAIRE Non.., c’est pas ça… Même si ça paye plutôt bien… VINCENT Combien ? CLAIRE Le minimum, c’est cinq cent par jour. VINCENT C’est plus qu’au théâtre… CLAIRE Mais ça peut monter beaucoup plus haut… Ca dépend du nombre de points. VINCENT … ? CLAIRE Le nombre de mecs, la bi ou tri pénétration… VINCENT C’est quoi le plus haut dans la hiérarchie ? CLAIRE On peut refuser certaines choses, vous savez… C’est un peu à la carte… VINCENT Un menu pour le désir… ! CLAIRE Des préférences qui sont dictées par le regard des hommes ! EXTRAIT 3 : « CLAIRE SEMBLE SE RAPPROCHER DE VINCENT… » CLAIRE (elle caresse les mains de Vincent) J’adore les mains des hommes. C’est rassurant…et si étrange à la fois… VINCENT Ah oui, qu’est-ce qu’elles ont de particulier ? CLAIRE Elles vous ressemblent… Puissantes et fines à la fois. Vous savez pourquoi les hommes tiennent toujours les mains dans leurs poches ? VINCENT Je ne sais pas… Parce qu’ils ont froid ? CLAIRE Non… Parce qu’elles racontent trop de choses sur eux… Leurs ambitions, leurs rêves… mais aussi leurs échecs… Des choses que même le regard ne laisse pas paraître… VINCENT Comme quoi ?... CLAIRE Des peurs secrètes qui disent l’obscénité et la cruauté de leurs désirs… VINCENT Vous pensez que j’ai beaucoup de choses à cacher ? CLAIRE Comme tous les hommes… Ils cachent ce qu’ils font semblant d’ignorer… VINCENT Et si je vous avouais, moi, que je vous ai désiré… Que j’ai eu follement envie de vous ? CLAIRE (Elle lâche sa main. Longue attente avant de répondre. On pense qu’elle va fondre dans son sens, mais cet aveu est encore insupportable pour elle. L’attaque est une protection) Je vous répondrais que… cela m’a facilité la tâche… VINCENT (il a un rire nerveux) La tâche…. ? EXTRAIT 4 : VINCENT CHERCHE LE RECONFORT CHEZ SON EX (LE « FANTÔME »…) HELENE : Tu devrais lâcher… VINCENT: Pour que je m’effondre ? HELENE : Tu te relèveras ailleurs… VINCENT : Pourquoi m’as-tu abandonné ? HELENE : Qu’est-ce que tu veux dire ? VINCENT : Tu sais bien… HELENE : Qu’est ce que ça change, que je l’aie fait exprès ou non… De toute façon je ne me souviens de rien… Même pas d’être sortie de la route… Je suis morte comment? VINCENT: La nuque brisée… HELENE : Je devais être salement amochée… VINCENT: Ton corps était entier… HELENE : Entier... Silence. HELENE : Je suis partie parce que j’avais peur que tu me voies vieillir, peur de la disparition de ton désir pour moi, de ce désir que je ne sentais déjà plus quand on quittait la scène. VINCENT: Je t’aime toujours… HELENE : Mais tu ne me désires plus… Silence. HELENE : (Elle le prend dans ses bras, maternelle) Maintenant que je suis morte, vierge de ma vieillesse… Que je t’ai fait le cadeau de t’en avoir libérée, j’ai besoin d’une saveur inoubliable, tu comprends ?... Quelque chose qui estompe à jamais l’amertume de cette sortie prématurée. Et le seul moyen que tu trouves d’exister, c’est de penser à te foutre une balle dans la tête !… VINCENT: Sans toi, il n’y a plus de sens à perpétuer cette illusion, je ne suis plus rien… HELENE :C’est trop facile. Tu ne t’en tireras pas à si bon compte. J’interdis ton déclin !