short movie
Sanza
Synopsis SARAH (8 ans) vit seule avec sa mère ANNA (35 ans) , depuis que son père les a quittées pour aller vivre avec une autre femme. Ce samedi matin, Sarah refuse catégoriquement de se rendre chez son père, qui en a la garde alternée. Elle a une violente dispute avec sa mère et s’enfuit de la maison. La petite fille court éperdument dans les rues et, sans doute attirée par le recueillement de l’endroit, entre dans une mosquée. Les fidèles sont à genoux, en prière. L’apparition de la gamine, encore en pleurs et tout essoufflée, provoque un remue-ménage dans ce lieu de culte réservé aux hommes. JAMAL, un grand africain, vêtu d’une djellaba, se relève et emmène Sarah sur un banc, dans un square en face de la mosquée. L’écoute et la douceur de cet étranger, ainsi que la musique qu’il lui joue avec un sanza, ou piano à pouces (petit instrument primitif fait de lamelles de fer) contribuent à calmer le désarroi de la gamine. Elle se confie à lui, lui pose des questions sur sa provenance, sentant vite une figure de père retrouvée. Alors que l’africain la raccompagne chez elle, ils sont surpris par une voiture de police : une patrouille et la mère de Sarah, à sa recherche. Pensant à un enlèvement, les flics molestent le black. La gamine veut prendre sa défense, mais c’est un « sans-papiers ». Ils lui passent les menottes pour l’emmener au poste. L’africain cherche alors à sortir l’instrument de musique de la poche de sa djellaba, pour l’offrir à la petite fille. Un des flics, croyant qu’il va sortir une arme, dégaine et abat l’homme de deux balles dans le thorax. L’homme s’écroule, le sanza roule sur le trottoir à côté de sa main inerte… Intentions En quelques minutes, alors qu’on suit le développement de la crise de Sarah, on aborde des domaines comme le divorce, la garde alternée, le rapport au père, les « sans papiers », la différence culturelle, le racisme, la bavure policière… Sarah, en pénétrant accidentellement dans une mosquée (où non musulmans et femmes sont interdits) provoque un petit séisme. Je ne fais pas seulement allusion à la surprise des quelques fidèles présents dans la salle de prière, mais à quelque chose de beaucoup plus souterrain qui fait que la gamine rompt un équilibre consensuel entre deux mondes. Elle fend la loi qui régit l’un d’entre eux, créant une brèche dans leur soudure. Mais c’est aussi comme si elle levait un voile sur un sortilège qui gèle un état des lieux en conservant les lieux en l’état… Un ange alors apparaît, Jamal, qui va payer de sa vie pour racheter la « faute » de l’enfant, la faute de l’innocence, en passant lui aussi la frontière interdite, non seulement en franchissant en sens inverse une limite cartographique d’un quartier de la ville, mais surtout en créant un lien avec un individu de l’autre communauté. Un autre accident, une « bavure policière » rétablit l’équilibre dans l’organicité des choses : un irrégulier est rayé du paysage, la mère récupère sa fille et tout semble se remettre en place. L’ordre d’un monde dont l’organicité intrinsèque nous échappe, parce qu’elle appartiendrait à une loi qui aurait été édifiée en amont de notre conscience… « Sanza », derrière l’apparente réalité des faits, nous révèle aussi quelque chose de ce silence qui nous étourdit.
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